Ipad : iVais, ou iVais pas ?

© Mario Alberto Magallanes Trejo SXC
L’iPad, l'ardoise magique des années 2010. Un concentré de technologie qui chamboule toute une industrie, ou plutôt 2 devrais-je dire :

  1. celle de l'édition au sens large : tout ce qui se publie et se lit est concerné à des degrés divers par l'iPad, qui introduit et banalise un nouveau mode de consommation.
  2. par voie de conséquence, l'industrie des éditeurs de solutions logicielles destinées justement au marché de l'édition.
Les premiers à s'interroger sur l'adoption ou non de l'iPad sont forcément les conso-lecteurs : dois-je acheter ou non cet engin, est-ce que ça répond à un vrai besoin ? Les premiers geeks dépassés, force est de constater que l'iPad est un vrai succès commercial comme l'iPhone l'a été à son lancement.
Il ne s'agit pas d'un simple effet de mode, mais d'une nouvelle manière de consommer l'information et les loisirs. L'iPhone avait introduit cette nouvelle forme de consolecture, mélange subtil de design, de tactile et d'originalité ; toutefois, les dimensions de l'appareil et un coût relativement élevé l'ont tenu à l'écart de nombre de mains. Mais ce qui est net, c'est que la façon de consulter l'information initiée par l'iPhone s'est répandue comme une trainée de poudre, des tableaux de bord de voitures aux clips de Lily Allen.

L'iPad propulse cette façon de faire dans une nouvelle dimension, grâce à un écran plus grand et des fonctionnalités améliorées. Et du coup, il s'adresse à une autre cible, celle des grands lecteurs et de tous les internautes qui adorent picorer l'information sans pour autant avoir besoin d'un clavier.

La valse des éditeurs logiciels
Chez les éditeurs, on assiste à un étrange ballet. Il y a ceux qui se sont précipité pour être les premiers à annoncer qu'ils lançaient des offres dédiées à l'iPad, au risque parfois de proposer des produits inaboutis ou sans grand intérêt. Il y a ceux qui ont attendu de bien comprendre la portée et les enjeux de ces nouveaux terminaux, afin de proposer à leurs clients une façon vraiment originale et pertinente de valoriser les possibilités des tablettes. Enfin, il y a ceux qui ne proposent rien de structuré pour l'instant, et qui prennent à mon avis un risque considérable, celui d'être distancé par leurs concurrents sur un produit que les consommateurs réclament à corps et à cri.

Il en est ainsi des modes. Les plus anciens se souviendront des vagues successives qui ont reflué sur le web :
  • l'arrivée de la vidéo et des quicktime à 360°
  • les sites full-flash
  • Second Life
  • le web 2.0
Aujourd'hui, c'est l'iPad. La différence avec ces précédentes vagues, c'est que je pense que celle-ci est partie pour durer, tout simplement parce qu'elle apporte enfin une possibilité de revenu à un secteur moribond et en panne d'idée. L'Ipad donne une réalité au concept du “cross-media publishing”, en démontrant avec une simplicité désarmante qu'un contenu peut s'adapter à son terminal de lecture, qu'il soit constitué de cellulose ou de silicium. Les éditeurs comprennent qu'il y a ainsi une réelle plus-value à apporter à leurs lecteurs, et que cette plus-value est monétisable, contrairement aux expériences passées.

Les mois qui viennent vont être riches en nouveauté : les solutions vont se multiplier, les concurrents de l'iPad vont déferler, mais surtout, on va voir de plus en plus de cas concret de portage de publications sur l'iPad, et je suis certain que la créativité des graphistes et "iPad-motion-designers" n'aura pas fini de nous bluffer.