Convergence offset-numérique dans le domaine des presses d'imprimerie



Il y a une dizaine d'années, l'univers de l'imprimerie au sens large se décomposait en trois groupes d'individus :

  • les gens sérieux : les professionnels, les vrais, équipés en presses offset feuilles ou rotatives, qui dominaient largement un marché dirigé par deux contraintes principales, le prix et le volume ;
  • les utopistes : comme il y a eu les néo-ruraux dans les années 70, on a assisté à cette époque à l'apparition d'avant-gardiste gentiment allumés qui se dotaient des premières presses numériques, siglées HP ou Xerox. A l'époque, la qualité n'était pas vraiment au rendez-vous, et ces utopistes peinaient à convaincre leurs clients du potentiels de ces technologies. En règle générale, les gens sérieux avaient une fâcheuse tendance à prendre les utopistes pour de doux rêveurs...
  • les “fadas” : une troisième populations, aussi avant-gardiste que les utopistes, mais moins ambitieuse. Financièrement incapable de se doter des premières presses numériques, les “fadas” se sont mis à bidouiller de gros copieurs numériques couleurs, que l'on a commencé à appeler “copieurs connectés”. Pour faire simple, les “fadas” prenaient un copieur couleur, le greffaient à un RIP et s'en servaient comme une sorte de super imprimante...
Je le répète, à cette époque, le marché était dominé par le volume d'impression et le prix. A part leur équipement, les imprimeurs peinaient à trouver de véritables différenciateurs et à vrai dire, ne s'en souciaient pas vraiment.

Dix ans après, la donne a totalement changée.
  • les prix se sont effondrés, à un stade tel que le modèle économique de bon nombre d'imprimeurs est remis en cause aujourd'hui,
  • les clients veulent moins de quantité et plus de personnalisation : le marketing relationnel one-to-one est passé par là. L'annonceur veut parler à son client en direct, lui adresser un message qui le touche. L'annonceur ne veut plus mettre à la benne des tonnes de papier inutilisées chaque année, il veut optimiser. 
  • la durée de vie des imprimés s'est réduite : tous les pans de l'économie ayant adopté au cours de la décennie passée le rythme "web" avec des renouvellements de gammes plus fréquents, des changements de prix plus rapides, les imprimés sont deviennent plus rapidement obsolètes. Inutile donc d'en commander des palettes entières, l'annonceur préfère commander au compte-goutte, en fonction de ses besoins réels.
Et puis l'Entreprise, au sens large, s'est achetée une conscience écologique : il faut arrêter de consommer trop de papier, il faut réduire les imprimés, enfin... vous connaissez la musique.

Bref, tout ça n'a pas arrangé les affaires de l'imprimerie offset. Dimensionnée pour faire du tirage en volume, sans personnalisation, la presse offset... a mauvaise presse (désolé).

Les “rolls” des années 80-90 se sont fait détrônées par de petites presses numériques souples, maniables et autorisant la personnalisation des imprimés. Un petit peu comme les motos anglaises stars des années 60 se sont fait voler la vedette par les Kawasaki et Honda des années 70.

La menace est sérieuse : les clients veulent toujours plus de personnalisation, de moins en moins de quantités et encore plus de réactivité. 

La conséquence ? A la fin des années 90 on trouvait des fabricants de machines offset, de presses numériques et de photocopieurs. Aujourd'hui, on assiste à une formidable concentration dans ce secteur. Heidelberg se rapproche de Ricoh, ManRoland annonce un partenariat avec Océ, Konica Minolta et Kodak se font des mamours, KBA se tourne vers le jet d'encre et Komori s'est mis sérieusement au numérique...

HP et Xerox semblent continuer leur bonhomme de chemin, mais il est vrai que ces deux entreprises ont une véritable assise et une avance considérable sur leurs confrères.

D'ici deux à trois ans, je vous parie qu'il n'y aura plus que 3 ou 4 marques de fabricants sur l'ensemble des solutions d'impression, de l'imprimante de bureau aux presses professionnelles. Et il y a fort à parier que ces solutions feront la part belle à la personnalisation.

Vous voyez où je veux en venir ? Personnalisation avancée des documents, tirages sur-mesure, production multicanal... autant de signes qui témoignent d'un revirement dans cette industrie. Et il y a fort à parier que le web-to-print aura un rôle primordial à jouer pour permettre à ces technologies d'impression de donner leur meilleur d'elles-mêmes.

P.S. : Je vous conseille la lecture de cet excellent article de PrintWeek (en anglais).