A l'aube du WEB-TO-MANY : le jour où j'ai débranché mon imprimante

Prôner la réduction des imprimés publicitaires, inciter au recyclage du papier, vulgariser les labels d'une imprimerie responsable, c'est bien… Mais gaspiller chaque jour du papier et de l'encre pour pas grand'chose, c'est un peu incohérent avec cette démarche.

Voilà pourquoi, un jour, j'ai décidé de débrancher l'imprimante multifonction de mon Mac, et de la remiser dans une armoire. Je me suis dit que je verrai bien comment ça se passe, et que je la ressortirai le jour où j'en aurai vraiment besoin.

Vous savez quoi ? Aujourd'hui, ça fait un an que j'ai démarré l'expérience. Et bien je n'ai ressorti mon imprimante qu'UNE SEULE FOIS, pour imprimer un document pour lequel j'avais vraiment besoin d'une trace papier. Une seule fois en une année…

J'avoue être le premier surpris, tant cet instrument pouvait paraître indispensable il y a encore quelques années de cela. Quand j'y repense… Il y a encore 10 ans, j'imprimais régulièrement mes mails professionnels, que je classais comme du courrier papier. Tous les aspects comptables (facturation…) nécessitaient des impressions. Il était quasi impensable d'acheter un PC sans imprimante…

Et ces mauvaises habitudes, malgré toute ma bonne volonté, ont perduré pendant des années : dès qu'un acte revêtait de l'importance, la tentation d'imprimer une trace écrite était quasi irrésistible.

Voilà pourquoi j'ai tout débranché : et je me suis rendu compte que cela m'a obligé à revoir certaines habitudes créées par le confort.

  1. Disposer d'une imprimante virtuelle : sous Mac, c'est simple, la fonction “Imprimer en PDF” est native dans le système. Du coup, on génère des documents électroniques “propres”, idéaux pour créer des archives. Et lorsque le PDF est mal formé, j'ai recours à un outil magique qui transforme n'importe quelle page web “moche” en un magnifique PDF : Joliprint. Je reviendrai d'ailleurs plus en détail sur ce service édité par des copains dans un prochain article.
  2. Structurer et sécuriser ses archives : finalement, quand on y réfléchit, que ce soit au bureau ou à la maison, on imprime souvent pour conserver une preuve. On parle bien de “trace écrite” dans le langage courant. Lorsqu'on décide de se passer de ces traces papier, si on veut conserver ce principe de traçabilité, il faut organiser ses archives de manière logique, cohérente et compréhensible par tous (surtout dans un environnement professionnel). Par ailleurs, il faut les sécuriser, d'une part pour qu'elles soient protégées en cas de sinistre, et d'autre part, pour qu'elles soient à l'abri des regards indiscrets. Pour ma part, j'ai opté pour un coffre-fort numérique auprès de ma banque, et pour un système de sauvegarde automatique sur disque miroir. Ça marche bien, en même temps, je n'ai jamais connu de sinistre (#priere #toucherdubois).
  3. Aller à l'essentiel : lorsque j'avais une imprimante de bureau sous la main, j'avais tendance à imprimer un peu tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. Genre, il faut la faire tourner cette bébête, sinon l'encre va sécher… Je m'en rendais en particulier bien compte à la fin de chaque année, lorsque je procédais à un nettoyage approfondi de mon bureau : les sacs poubelles pleins de feuilles imprimées de trucs qu'on a jugé un jour indispensable, vous connaissez ? Les paquets de feuilles imprimées au recto, qu'on garde pour du brouillon, mais finalement, on ne s'en sert jamais du brouillon, ça vous parle ? Maintenant, soit je bookmarke une page web, soit je crée un PDF si ça vaut le coup… soit… rien. Je considère alors que l'information en question est volatile, qu'elle ne mérite pas qu'on en garde une trace ou bien que je la retrouverai facilement.

Et là, au bout d'un an, quand j'essaye de faire un petit calcul, je me dis que j'ai finalement réalisé une belle économie, quand on cumule le papier, l'encre et l'usure de l'imprimante. Et un petit geste écolo, dont je ne suis pas peu fier !

Ça vaudrait le coup de réaliser cette expérience dans le cadre d'une entreprise, vous ne croyez pas ? A l'heure où beaucoup de documents sont dématérialisés (facturation, relevés comptables, extraits bancaires, billets électroniques…) je suis sûr qu'on arriverait à désaccoutumer les utilisateurs du confort que leur procure l'imprimante de bureau. Et qu'ils réinventeraient facilement leur vie sans.

Alors, qui tente cette expérience ?

Pour revenir au web-to-print, je suis sûr que l'on pourrait réaliser un constat similaire : aujourd'hui,  l'industrie est encore majoritairement structurée pour réaliser du WEB-TO-PRINT, comprenez “on recueille des informations grâce au web et on les structure à destination d'un imprimé”, qu'il s'agisse d'imprimerie offset ou numérique, ou d'une impression locale (WEB > PRINT).

Je suis convaincu que nous sommes aujourd'hui à l'aube d'une nouvelle ère, celle du WEB-TO-MANY PUBLISHING :  comprenez par ce néologisme, la volonté de ne pas structurer l'information uniquement à destination du print, mais plutôt de tous les canaux disponibles.
Franchement, je pense qu'à l'heure de Twitter, Facebook, des sites web, des smartphones et tablettes… l'imprimé ne représente plus qu'un support parmi tant d'autres. Support qu'il faut valoriser en y recourrant lorsqu'il est vraiment légitime, ou qu'il apporte une vraie valeur ajoutée.
Appelez-ça cross-media, multicanal, communication liquide… Comme vous voulez. En tout cas, je crois dur comme fer à ce concept de web-to-many. Utiliser comme point d'entrée le web sous tous ses aspects (sites, réseaux sociaux et autres), et produire une nébuleuse de points de sortie, en fonction des outils utilisés par les clients. 

Les technologies des plateformes cross-media arrivent à maturité : il ne leur manque pas grand'chose pour produire ce WEB-TO-MANY, en acceptant tous les types d'entrées. Reste qu'elles doivent encore être packagées et démocratisées pour convaincre le plus grand nombre.