L'imprimerie française se muscle pour augmenter sa taille critique

 
Le spécialiste de l’étiquette adhésive en web-to-print Adesa qui « passe dans le giron du groupe Labelys » (et que j’ai la chance d’accompagner depuis 4 ans 🤩🤩🤩), les Cartonnages GIL qui rejoignent le groupe Sprint, l’Artesienne qui reprend l’Imprimerie Centrale de Lens, Graph’Imprim qui est reprise par Passion Graphic… pas une semaine ne passe sans que de nouvelles annonces de fusion-acquisitions soient publiées dans les colonnes de la presse spécialisée. Certains pourraient y voir le signe de difficultés structurelles, mais je préfère y voir le signe que l’imprimerie française monte en puissance. Et c’est une bonne nouvelle.
 
Pendant des années, j’ai entendu que les imprimeries françaises étaient, dans leur grande majorité, trop petites (entendez en montant de chiffre d’affaires) pour lutter contre les poids lourds étrangers. Là où en France, le revenu moyen se situait généralement (selon moi) entre 1 et 3 millions d’euros, il était plus proche des 10 en Allemagne, avec plusieurs groupes pesant entre 50 et 100 Millions. C’était vrai pour les imprimeries traditionnelles, comme pour l’imprimerie en ligne, où à l’exception des quelques leaders du TOP 5, la majorité des structures réalise moins de 5 millions d’euros de CA par an.
 
On constatait aussi fréquemment un plafond de verre vers les 20 millions d’euros de C.A., seuil au-delà duquel il devenait difficile de continuer à se développer tout seul…
 
Avec ce nouveau mouvement de M&A, acceléré sans nul doute par la crise sanitaire, on devine que les groupes issus de ces nouvelles fusions veulent peser plus lourd. Chez les plus « petits », la taille critique passe de 5 à 10 ou 15 millions d’euros, alors que chez les plus « gros », on lit dans les communiqués de presse que c’est clairement le cap des 100 millions d’euros qui est visé ou dépassé. 
 
C’est intéressant à plus d’un titre : il y aura certes moins d’imprimeurs indépendants en nombre, mais ils seront plus importants, et sûrement mieux dotés pour résister face aux différentes menaces qui pèsent sur la filière. Par une capacité d’investissement et une compétitivité accrues, ils pourront aussi peser plus favorablement sur le marché, y compris  l’échelle européenne.
 
Pour les structures plus petites, ce mouvement doit également soulever des questions : faut-il continuer seul, ou réfléchir à des synergies locales ou par spécialités ? Les groupements tels qu’Impriclub ou Imprifrance permettent déjà de réaliser des gains d’échelles grâce à la mise en commun d’achats, mais sur un plan commercial, ils n’offrent pas de véritable gain de compétitivité. Dans le domaine du web-to-print, si la vente en ligne est à la portée de toutes et tous, son développement et sa professionnalisation demandent des moyens marketing, technologiques… Le regroupement peut permettre de renforcer cette compétitivité.
 
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