Nouvelle bulle internet : bulle de savon ou bulle de verre ?
© Arthur C. Clarke
Ça y est, c’est reparti. Par comme en 40, mais plutôt comme en 99. Les fonds d’investissements s’excitent à cause du web : comme des joueurs compulsifs, ils flairent l’odeur de l’argent facile.
Du coup, une frénésie s’empare du mode du web et de l’e-commerce. En témoigne par exemple cet article de Capital : “Au secours, la bulle internet revient”, dans lequel les témoignages de startup survalorisées se multiplient.
Pour celles et ceux qui n’ont pas connu la fin des années 90, je vais faire un petit flashback. A l’époque, en schématisant à peine, il suffisait de monter un projet avec un symbole “@” sur la couverture pour voir débouler des investisseurs avec des dollars dans les yeux.
Les projets les plus en vogue étaient valorisés des fortunes, alors qu’ils ne généraient que des pertes. En fait, le marché pariait sur des gains futurs exponentiels. Des étudiants à peine sortis des bancs de l’école devenaient millionnaires en quelques semaines et allaient ensuite expliquer leur succès à Emmanuel Chain, le dimanche soir sur M6.
Ne rigolez pas, ça s’est vraiment passé comme ça. J’ai même créé ma startup, mais en commettant une grossière erreur de débutant à l’époque : j’ai joué avec mon propre argent...
Un jour, tout cela s’est écroulé. Les pertes s’accumulant, les startups peinant à convaincre, la méfiance s’est installée. Et quand les banquiers deviennent méfiants, tout fiche le camp.
Le marché s’est effondré brutalement... ce qui donna de nouveaux sujets de reportages à Emmanuel Chain.
Aujourd’hui, ça recommence : les investissements affluent en masse dans les startups, les ingénieurs spécialistes du web s’arrachent comme des perles rares... Alors va-t’on connaître à nouveau l’éclatement de la bulle ?
Je ne crois pas. La situation en 2011 n’est pas la même qu’en 2001.
Certes, le succès rapide de Facebook ou de Groupon fascine et attise les convoitises. Mais au-delà de ces cas extrêmes, ce qui compte, c’est que le marché soit enfin arrivé à maturité. Du coup, il est enfin en phase avec les technologies :
- le e-Commerce est entré dans les mœurs, le paiement par Internet s’étant totalement banalisé
- l’accès au web s’est démocratisé dans la majorité des pays, tous secteurs d'activités et toutes classes sociales confondues, avec une confiance croissante au détriment d’autres modes d’information
- mais surtout, le web a pénétré quasiment toutes les facettes de notre environnement. Et en premier lieu, nos téléphones. Il y a 10 ans, il est impensable d’acheter un bien depuis un Nokia 3310 ou un Palm Pilot (le must à l’époque). Web et téléphonie étaient alors deux mondes cloisonnés.
Aujourd’hui, les micro-paiements, les achats, les avis de consommateurs via Smartphone, c’est devenu tellement banal...
L’opportunité de croissance se situe donc à ce niveau : convergence vers le web via une multitude de points d’accès. Mobilité des consommateurs qui picorent l’information, assouvissent leurs impulsions d’achat depuis leur iPhone et accomplissent leurs actes d’achats “raisonnés” depuis leur ordinateur portable ou leur tablette.
C’est pour cette raison que je suis convaincu que l’on n’est pas aujourd'hui face à une bulle de savon, mais plutôt face à une bulle de verre. Du type des ecospheres imaginées dans les années 70 pour créer des écosystèmes équilibrés dans des environnements hostiles.
Tout simplement parce qu’enfin, le web est devenu un marché de masse. Ce qu’il n’était absolument pas il y a 10 ans.
Et le web-to-print dans tout ça ?
Dans ce domaine également, le marché est arrivé à maturité : technologies d’impression, interfaces web riches, systèmes de commerce électroniques... les clients en B2C et B2B sont enfin prêts à acheter des biens d'impressions, si possible personnalisés, par Internet.
Les perspectives sont dès lors impressionnantes : je ne vais revenir sur les prévisions d’Infotrends, mais quasiment tous les secteurs de l’impression, de l’édition et du packaging vont être impactés dans les années qui viennent. D’autant que les nouveaux terminaux mobiles, smartphones et tablettes, ouvrent enfin de réelles perspectives de reconditionnement des contenus pour un usage numérique.
Pour s’en rendre compte, il suffit de constater la multitude de solutions qui éclosent aux quatre coins du web et en parallèle, la quantité de professionnels de l’imprimerie qui recherchent en urgence des solutions adaptées à leurs besoins. C’est parti. Et bien parti pour durer, croyez-moi.