Zetaprints : quand CorelDraw permet de faire du web-to-print



Quand on évoque le dessin vectoriel, on pense inévitablement à Adobe Illustrator. Le logiciel incontournable dans ce domaine. Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Personnellement, j'ai commencé à tâter du vecteur en utilisant Corel Draw 6, là où d'autres ne juraient que par Aldus Freehand (nota : si tu as moins de 30 ans, c'est normal que ces noms n'évoquent rien pour toi).

Corel Draw 6 était particulièrement performant et très innovant pour l'époque. Il arrivait à gérer des dégradés et des formes complexes là où Illustrator s'endormait un peu sur ses lauriers.
Mais il avait un gros défaut : c'était un logiciel PC. Et chez les imprimeurs à l'époque, il n'y avait pas de PC. Donc lorsque vous disiez à votre imprimeur que vos EPS avaient été créés sous Corel Draw, il fronçait les sourcils. Et lorsque vous ajoutiez qu'ils contenaient des dégradés, il se tournait vers son RIP d'un air désespéré. Rappelons-nous qu'à l'époque, on ne remettait pas un simple PDF-X à son imprimeur : on lui donnait solennellement un SyQuest contenant le natif, les images liées, les typos, les profils, des gousses d'ail, des fers à cheval et des trèfles à quatre feuilles.

Corel Draw a traversé des périodes difficiles, s'enfonçant de plus en plus dans l'ombre d'un Illustrator omniprésent. Mais il continue d'avoir ses fidèles et son éditeur n'a jamais baissé les bras face à l'adversité.

Il y a même des éditeurs pour mettre au point des plateformes web-to-print basées sur cette technologie. Ils s'appellent ZetaPrints, ils sont néo-zélandais et leur démarche mérite d'être saluée pour son originalité.

Là où la plupart des éditeurs convergent vers des technologies à base d'Indesign Server, de Quark Xpress Server ou de PageFlex, ZetaPrints a pris le parti de choisir un format plus confidentiel en optant pour Corel Draw. Toutefois, ce choix pas nécessairement dénué d'intérêt.
En effet, Corel Draw est relativement moins cher que ses concurrents, d'autant qu'il se situe à mi-chemin entre un logiciel de dessin (type Illustrator) et un logiciel de mise en page (type Indesign). Il est également aussi à l'aise pour du design print que pour du web.
Par ailleurs, Corel joue à fond la carte de Windows et rendant son logiciel compatible avec Visual Basic, ce qui ouvre bon nombre de perspectives en matière d'automatisation (voir le détail des fonctionnalités).

En termes de business model, ZetaPrints a opté pour une formule que je trouve intéressante : en choisissant Corel Draw comme technologie de composition PAO, il se sont d'emblée coupés de la grande majorité de l'existant ; de fait, leur technologie n'est pas compatible avec les mises en page existantes. Mais au final, est-ce un handicap ? ZetaPrints vise plutôt le marché des imprimeurs et printshops sur le web, dans un mode "boutique à templates". Il n'y a pas de réutilisation de matière existante dans ce cas, uniquement la création de nouveaux supports à partir de modèles prédéfinis.

En conséquence, seul le graphiste chargé de créer les modèles est impacté. Mais après tout, pas tant que ça : il lui suffit de se familiariser à un nouvel outil, à des nouveaux codes...

Par contre, ZetaPrints a tout misé sur l'ouverture de sa technologie vers des standards du web et plus précisément du e-commerce, ce qui est loin d'être idiot. Son API est ainsi compatible avec Magento et Wordpress, ce qui fait de Zetaprints un package assez complet pour les imprimeurs qui veulent ouvrir une vitrine en ligne.

Reste que tout cela est de la théorie : Magento + Corel Draw + des APIs, je mets ma main à couper que cela exige un bel effort d'intégration, d'autant que l'offre semble réservée pour l'instant au marché US et zone Pacifique. Quant à la facturation, on ne peut pas dire que ce soit un modèle de lisibilité !

Belle initiative quoi qu'il en soit, à suivre de près dans le mois qui viennent...

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