Comprendre les différents types d'éditeur en ligne disponibles sur le marché du web-to-print

 
Quand on est imprimeur et qu’on veut se lancer dans l’imprimerie en ligne, la question de la personnalisation sur le web se pose très rapidement… Comment proposer des modèles à personnaliser à ses clients ? Ou comment permettre à des entreprises en B2B de gérer la personnalisation en ligne de leurs contenus éditoriaux ou supports marketing auprès de leurs filiales ou de leurs franchisés ? 
Parmi la jungle des solutions disponibles sur le marché, difficile de s’y retrouver, d’autant que les prix peuvent varier de 1 à 10 pour des fonctionnalités – en apparence – très similaires ! Alors pour vous aider à vous y retrouver, voici quelques éclairages sur les différentes technologies de personnalisation en ligne, et les applications auxquelles elles répondent…
 

Soulevez le capot

La clé pour comprendre les différences entre les offres disponibles sur le web réside sous le capot, dans leur moteur. Comme son nom l’indique, un éditeur de web-to-print va consister en un système à deux étages : une interface de saisie côté client, pour qu’il réalise son travail de personnalisation plus ou moins avancé. Et un système de conversion pour générer le rendu dans un format adapté au print. C’est là que ça se complique : les univers web et print étant conceptuellement opposés, la transposition dans l’impression n’est pas toujours optimale.
 
Il existe plusieurs typologies de moteur, que j’ai représenté dans le graphique en tête de cet article. Si l’on part du bas vers le haut :
  • Champs simples : le procédé le plus simple consiste à proposer côté web des champs de saisie de texte, avec des options limitées (choix parmi des polices et des couleurs) ainsi que des champs d’upload d’images. L’utilisateur charge ces informations, elles sont envoyées vers un fichier graphique via le plus souvent des flux XML ou JSON pour une sorte d’assemblage. Dans mes jeunes années, on appelait cela « couler » le texte… C’est le process le plus ancien, encore utilisé dans biens des outils – notamment Amazon Custom. Il a l’avantage d’être « gratuit » (pas de coûts de licences), très simple à mettre en œuvre, de fonctionner sur des technologies ouvertes et éprouvées, et de répondre à beaucoup de besoins. Toutefois, il n’offre aucune possibilité de mise en page en ligne, et les interactions côté web sont très limitées…
  • Editeur SVG : depuis que le format SVG a démocratisé les rendus vectoriels sur le web, on trouve de nouveaux éditeurs en ligne basés sur cette technologie. L’intérêt, c’est qu’il s’agit d’un format standard et universel, compatible avec Adobe Illustrator notamment. Toutefois, les possibilités sont limitées, d’une part par les conversion du SVG en PDF ou EPS, et d’autre part par la gestion limitée de certains rendus, qu’il s’agisse de mise en page de documents longs ou le traitement de certains effets qui peuvent être mal interprétés. Enfin, le multipage n’est pas le terrain de jeu idéal de cette technologie
  • Moteur de rendu PDF : le point commun à tous les flux d’impression, quelles que soient les applications, c’est le format PDF. Du coup, de nombreux éditeurs sont partis de librairies d’édition de PDF pour proposer des fonctionnalités avancées d’édition de documents en ligne, à moindre coût. L’intérêt est double : d’une part, il est possible de proposer des fonctionnalités d’édition beaucoup plus sophistiquées que dans les deux précédentes configurations, d’autre part les moteurs open-sources permettent d’éviter des coûts de licence très élevés. Leur inconvénient majeur, c’est parfois des limites de rendu ou de composition de texte
  • Moteurs propriétaires : pour les applications pour lesquelles les moteurs open-source ne suffisent plus, certains éditeurs ont développés leurs propres moteurs de composition / mise en page, souvent adaptés à un domaine d’application spécifique (grand format, packaging…). Les fonctionnalités sont souvent très avancées, notamment en composition et en rendu, mais – revers de la médaille — ces technos ont un coût important, lié par les investissements de R&D de leurs éditeurs
  • Moteur Adobe Indesign Server : en haut de la pyramide on trouve, en toute logique, la « Rolls » de la mise en page, basée sur le moteur de rendu le plus populaire au monde, Adobe Indesign, transposé dans sa version serveur. Il y a dix ans de cela, une alternative existait avec Quark Xpress Server et Quark Publishing System (en fouillant dans les archives de ce blog, vous trouverez des articles sur ces thématiques), mais elles ont cédé la place au leader incontesté qu’est devenu Adobe. Ce serveur permet de gérer des mises en page très avancées, en tirant pleinement parti de toutes les fonctionnalités proposées dans la version desktop, enrichies d’outils collaboratifs, de gestion d’assets ou de polices et de fonctions spécifiques au publishing. Mais le moteur de cette Rolls a un coût qui se répercute sur les frais des éditeurs qui l'exploitent
 

Trouver le moteur adapté sa course

Concrètement, comme on n’utilise pas le même véhicule pour labourer ou faire un course, les éditeurs de web-to-print décrits ci-dessus répondent à des applications et à des besoins bien différents. Pour les applications de base, où la personnalisation en ligne est extrêmement simple et limitée, les solutions basiques suffisent.
Dès que l’on doit gérer du multipage, ou passer dans des environnements de production plus contraignants, il faut passer à minima à des moteurs de rendu PDF, afin de pouvoir gérer du preflight, des repères ou des fonds perdus… Enfin, pour les documents longs, avec une mise en page riche ou des environnements de production très exigeants, il faut envisager des moteurs dédiés. Soit des moteurs spécifiques, propres au packaging ou au grand format, soit des moteurs adaptés au publishing, comme Indesign Server.
En résumé, choisissez le bon cheval, et évitez de partir labourer votre champ avec un kart 😄