Réseaux sociaux : l'offre construit la demande... Et vice versa
En marketing, il y a une règle qui ne se démend que rarement. La demande conditionne l'offre, mais l'offre construit et structure la demande. C'est de cette façon que la mode ou la créativité font naître de nouveaux modes de consommation.
Prenons deux exemples qui illustrent cela. Dans l'automobile, Nissan avec son Quashquai a renouvellé le segment des berlines familiales et des monospaces, en cassant des codes bien établis. Le succès a été immédiatement au rendez-vous, et ce véhicule polyvalent a été à l'origine d'une mode dans l'automobile, mode dans laquelle les autres constructeurs se sont engouffrés rapidement.
Dans l'informatique, Apple a réalisé la même chose avec l'iPhone. Des téléphones tactiles, il en existait. Des smartphones, il y en avait déjà. Pourtant, Apple a packagé le téléphone et son offre logicielle pour trouver une alchimie unique, et fonder les bases d'un succès durable dans lequel d'autres constructeurs se sont jetés à corps perdus. Dans ces deux exemples, l'offre a construit la demande. Puis la demande, en retour, a enrichi l'offre dans un cercle vertueux étalé dans le temps. Un principe de fonctionnement auquel les professionnels du marketing sont habitués, et qu'ils maîtrisent parfaitement.
Les réseaux sociaux suivent cette logique, sauf que le cercle est une boucle qui tourne extrêmement vite. Trop vite. Les éditeurs créent des outils. Les internautes se les approprient quai-instantanément, et inventent des usages auxquels les éditeurs n'avaient même pas pensé. Du coup, d'autres éditeurs suivent ces comportements et proposent de nouveaux outils. Et ainsi de suite. Tout cela à une vitesse folle, sans réelle logique ni constance dans le temps. Cette spontanéité et cette rapidité désorientent totalement les directions marketing, qui perdent leur repères et ne savent plus quelle tendance choisir. Tétanisées par la peur de choisir une tendance déjà passée de mode, et pressées de ne pas louper le train, elles se retrouvent entre le marteau et l'enclume. Il n'y a pourtant pas 50 solutions. Il faut s'immerger dans les réseaux sociaux, suivre les tendances, expérimenter... Afin de se forger sa propre opinion sur ce qu'il faut suivre ou non, sans dépendre à l'aveugle de l'avis des autres.
Il n'y a que de cette manière que l'on peut prendre le recul nécessaire pour proposer une offre qui construise à nouveau la demande.