Web 2.0, radios libres… même combat !



Le web me fait penser à la radio. J'ai l'impression qu'ils suivent la même évolution, à trente ans d'écart.
Le web 2.0 a été une formidable avancée, comme les radios libres ont pu l'être en 1981. Tout le monde a pu s'exprimer, chacun a pu livrer ses pensées, donner son opinion, faire part de ses goûts…

Tout le monde s'est retrouvé sur un pied d'égalité. Mais avec un nivellement par le bas… et une cacophonie terrible aujourd'hui. Au point que le cerveau de l'internaute moyen est en surchauffe.

Le web est autant saturé que la bande FM l'était en 1985. Ça grésille, on n'entend plus rien, ça larsen de partout. L'internaute lambda n'arrive plus à suivre, il est bombardé d'informations, il est asphyxié par le temps réel, il ne peut plus reprendre sa respiration.

Et puis il se rend compte que, finalement, l'avis de ses semblables l'intéresse de moins en moins. D'autant qu'il est de plus en plus sujet à caution et source de suspicion, en particulier dans le commerce électronique.

En 1981, la libre antenne fut une formidable bouffée d'oxygène pour les médias… mais à trop en user, les radios ont fini par lasser leurs auditeurs.

J'ai le sentiment aujourd'hui que nous en sommes au même stade… L'information arrive de tous côtés, en temps réel, sans hiérarchie. L'avis d'un sombre inconnu aurait potentiellement le même poids que celui d'un expert reconnu… surtout s'il a plus de followers. Le "User Generated Content" atteint ses limites… tout le monde en convient.

Je crois que le temps est venu où les internautes recherchent de l'efficacité et de la synthèse, pour que l'information soit une source d'enrichissement et non plus de perte de temps…
A l'heure de l'infobésité, je pense que de plus en plus d'internautes sont prêts à payer d'une façon ou d'une autre pour disposer d'une information “expertisée”, quel qu'en soit le domaine.

Cela ne mettra pas un terme aux réseaux sociaux ni à la liberté d'expression des utilisateurs. Non, mais cela va la structurer, réservant la libre antenne à certains contextes ou certains usages bien précis, où elle sera valorisée. Et probablement mieux contrôlée, c'est un corollaire inévitable.

Si vous regardez en arrière, c'est exactement ce qui s'est passé dans la radio.
Des premières radios libres – voire clandestines – sont nés de véritables poids lourds des médias, côtés en Bourse, qui tout en conservant leur liberté de ton et leur capacité à laisser les auditeurs s'exprimer, ont introduit du commercial et de l'information plus traditionnelle.

“L'internaute-acteur” tel que nous l'avons connu ces dernières années est une espèce en voie de disparition, j'en suis sûr… Soit il va se lasser de donner son avis, et il va redevenir un “internaute-mateur”, à la recherche d'une information labellisée… soit il va continuer à s'exprimer, mais il y a fort à parier qu'il va alors devenir un semi-professionnel, voire un professionnel dans son domaine. Reconnu pour son expertise ou son savoir-faire, ou apprécié pour son coup de plume. Enfin de clavier.

Bref.
La récré va se terminer. Je vous parie que ce joyeux bordel va se réguler et s'industrialiser dans les prochaines années. Comme ce fut le cas pour les radios libres…
Ce ne sera pas forcément mieux, ça sera différent.

P.S. : petite pensée émue pour une radio libre qui a accompagné mon adolescence, Radio Alligator à Montpellier. Dont la fréquence fut reprise par Rires & Chansons dans les années 90, ça ne s'invente pas ;-)