Les graphistes seront sauvés par le Liquid Layout. Et Goggles.

Ces dernières années, les graphistes ont souffert du "je le fais moi-même" et d'un nivellement par le bas causé par les outils de bureautique. Mais aussi, il faut le reconnaître, par les interfaces web, qui ont baissé les exigences de la clientèle en matière de "beau".
Il n'y a qu'à voir les ravages en termes de typo...
Beaucoup de clients se sont satisfaits de "good enough", privilégiant des pages web mal fichues, des PowerPoint et des docs créées en interne sous Word. En Comic Sans cela va de soi, si possible conçues par Jean-Kevin, le neveu du patron, pendant son stage d'été (spéciale dédicace à Stouf et Jean-Ouf).
Du coup, les clients ne comprennent plus le prix d'un logo, d'une belle brochure, d'une créa ou d'une illustration lêchée. C'est l'une des raisons qui ont causé la perte de nombreux indépendants, sans parler des petites agences.
Aujourd'hui, le web devient "pro", en ce sens qu'il se rapproche enfin des standards de la compo print. Le print tire le web vers le haut en matière de qualité, c'est un fait : les nouvelles normes des CSS permettent de reproduire des effets de typo ou d'habillage qui produisent un gris typographique digne des meilleurs logiciels de PAO. Le secret du succès d'Apple vient un peu de là, iOS reproduisant sur terminal nomade des effets habituellement réservés au print. L'objectif n'est pas simplement de faire comme le print. Il s'agit plutôt de proposer le même confort de lecture, le même standard de qualité, la même expérience qu'avec un support papier. Tout simplement parce qu'elle est supérieure et - enfin - reconnue comme telle.

Par ailleurs, la multiplicité des supports de communication requiert du savoir-faire et de la maîtrise, à la fois dans la création, dans l'exécution mais aussi dans la diffusion des supports.

ET ADOBE INVENTA LE LIQUID LAYOUT

Du coup, technicité, savoir-faire et productivité rétablissent ces barrières à l'entrée qui avaient disparu depuis une dizaine d'années ; le graphiste regagne enfin en expertise.
Il suffit de jeter un coup d'œil à Indesign CS6 pour s'en convaincre : quel débutant oserait aujourd'hui se lancer dans la PAO avec un tel outil ? Même pour faire un flyer, c'est compliqué. Et tant mieux ! La mise en page liquide (Liquid Layout) est un pur bonheur : d'un côté, elle fait gagner en temps et en productivité. De l'autre, elle impose une véritable montée en compétence technique et culturelle. Le graphiste de demain devra maîtriser sur le bout des doigts bien sûr les contraintes du print, mais connaître aussi celle du web, du mobile et des tablettes.
Sans parler des questions de référencement et de SEO posées par des outils tels que Google Goggles.

RELÈVE LA TÊTE CAMARADE !

Les clients qu'ils soient PME, grandes entreprises ou institutionnels, commencent à percevoir les enjeux posés par les tablettes, les smartphones, les réseaux sociaux et le marketing personnalisé. Mais je suis convaincu qu'ils n'ont plus la prétention de le faire en interne. Une décennie d'errements et d'approximation les a vacciné. Ils recherchent l'interlocuteur qui saura conseiller, guider et réaliser.
Le graphiste de demain sera le seul à disposer d'une vision d'ensemble des différentes formes et des différents usages d'un support de communication. De quoi relever la tête...
Attention toutefois, je ne crois pas qu'il faille s'attendre à une augmentation des budgets. Il faudra générer plus de déclinaisons à budget constant ; la rentabilité viendra donc du choix des outils et de leur maîtrise. Mais il sera enfin possible de vivre à nouveau décemment de ce formidable métier.

PASSER D'EXÉCUTANT À CONSULTANT MARKETING

Soyons clair : plus aucun client n'a besoin d'un graphiste pour trouver une photo sur une banque d'images. Ni pour monter une carte de visite.
Les entreprises ont acquis une culture graphique. Elles sont capables de faire la distinction entre les travaux qui apportent une véritable valeur ajoutée et les autres.
Le graphiste doit donc passer du statut d'exécutant à celui de consultant en marketing.
Ils doivent devenir des experts capables d'aider les entreprises à organiser leur patrimoine numérique, à optimiser leurs dépenses de communication, à produire des supports marketing intelligents, connectés et complémentaires.
En conclusion, ne plus se contenter d'exécuter passivement, mais prendre à bras le corps la problématique de ses clients pour devenir force de proposition.
Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire : formez-vous, maîtrisez les arcanes du print, du web et des tablettes, surveillez les nouvelles tendances... Et vendez-vous !

LIENS

- le Liquid Layout d'Adobe en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=-GUiIoES83w
- quand je parlais dans le Journal du Net du Liquid Layout... il y a 2 ans de cela et avant tout le monde ;-)
http://www.journaldunet.com/solutions/expert/46046/adobe-indesign-en-2020-a-l-heure-de-la-communication-liquide.shtml