Pinterest. Le visuel comme moteur d'enrôlement social.

Pinterest, on en parle, on en parle. Alors forcément, j'ai testé.
Pour l'instant, l'inscription se fait sur invitation, mais bon, il n'est pas trop difficile d'en obtenir une.


J'avoue que j'ai été un peu dérouté au début, je n'ai pas compris immédiatement ni à quoi ça servait, ni comme ça fonctionnait. Et puis rapidement, j'ai compris.

Pinterest est à l'exact opposé de Twitter : le petit oiseau bleu repose sur une logique de partage de messages courts, accompagnés de liens. Du coup, on obtient un réseau hyper-dynamique, mais un peu "sec" en terme de contenus, très proche du SMS.

Les créateurs de Pinterest sont partis du paradigme inverse : ils considèrent que les internautes partagent avant tout des visuels, images ou vidéos. Le visuel, le beau, le graphique, deviennent les moteurs du partage.
Et force est de constater que ça fonctionne plutôt bien. J'ai été bluffé par la facilité de navigation, et la pertinence de la présentation : suivant le thème choisi, Pinterest offre à nos yeux une jolie balade visuelle.



Lolcats, pubs du SuperBowls, faceplants, mais aussi belles images, photographies, visuels de produits... tout est image sur le web. Pinterest permet ainsi de créer facilement des "murs" thématiques, et des les alimenter seul ou à plusieurs, juste en "pinant" (désolé) des contenus croisés au gré de vos promenades. On sent que tout a été pensé à l'heure du tactile : interface minimaliste, fluide et sobre, scroll infini... une magnifique invitation à la balade et à la rêverie.

Et bien sûr, comme dans Tumblr ou Twitter, les contenus les plus pinés (re-désolé) sont remontés dans un Top 10 en page d'accueil. Bien sûr, on peut lancer des recherches par mots-clés...
Tous les outils sont là, mais étonnamment, le fait de tout centrer sur le visuel, présenté de façon harmonieuse,  repose l'esprit. L'absence, ou plutôt, le peu de texte rend les écrans de Pinterest extrêmement reposants. J'ai eu l'impression de faire travailler d'autres parties de mon cerveau, c'est pour vous dire...

En ce qui me concerne, et contrairement aux chantres du web 2.0 qui annonce que ce new-comer va détrôner Twitter, Facebook et Google Plus réunis, je ne trouve pas Pinterest révolutionnaire. Je le trouve juste malin, et bien fait, centré sur la qualité et le design.

Je suis plus dubitatif sur l'évolution de Pinterest dans la durée : pour l'instant, c'est beau car seuls les early-adopters s'en sont emparés, et restent fidèles à l'esprit originel. Quand le grand public va le découvrir, je ne suis pas sûr que le niveau actuel de qualité soit préservé. J'attends avec impatience le dashboard Pinterest de Jacky Touch...

Je ne crois pas non plus que l'objectif ultime de Pinterest soit le partage d'images. Certes, il y a de quoi bousculer Flickr, et même Youtube, le mode de navigation proposé par Pinterest étant bien plus agréable et clair. Je pense plutôt que l'avenir de Pinterest se situe dans le e-Commerce ; je trouve qu'il s'agit d'un moyen fantastique pour sélectionner des produits, les mettre en valeur, créer des listes d'envie... bref, une nouvelle manière de consommer les produits du web. Je suis prêt à parier que dans les mois qui viennent, Pinterest va s'enrichir de fonctions permettant de remonter des infos tarifaires et textuelles en plus des photos, et proposer ainsi une nouvelle façon d'explorer des produits, via leurs photos et leurs vidéos. Plus qu'une révolution de l'indexation de l'image, je pense que Pinterest révolutionne le cataloguage des visuels, quels qu'ils soient.

En tout cas, cette initiative a le mérite de remettre la qualité visuelle au premier plan. Les photographes vont se réjouir.

C'est d'ailleurs surprenant - et rassurant - de voir à quel point après plusieurs années de "tout-venant" en matières de contenus, le web s'oriente aujourd'hui vers des contenus de qualité : l'internaute recherche avant tout de la qualité de contenu, qu'il s'agisse d'articles de blogs, d'avis d'experts, de photographies ou de vidéos...
Après l'ultra-quantitatif, voici venu le temps du qualitatif et de l'exclusif. Il était temps.